Mercredi 9 Octobre 2024
Olivier Dabadie ©DR
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Date
19.01.2023
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Les blancs des Côtes-de-Gascogne sont tendances mais ils pourraient manquer de volumes pour faire face à la demande. Le président de l’appellation Olivier Dabadie nous a exposé le plan de bataille en attendant de meilleures récoltes.
Comment se porte les Côtes-de-Gascogne après ces deux années historiques à petits volumes ?
2021 a en effet été impacté par les grandes gelées d’avril, 2022 encore pire par la gelée noire, deux violents orages de grêle et la sécheresse. Nous avons donc perdu 35 à 40 % des volumes en deux ans, mais nous avons réussi à préserver le potentiel aromatique malgré la canicule qui tend à masquer les thiols si caractéristiques de nos vins. Nous sommes à 20 % sous la moyenne quinquennale qui est entre 700 et 800 000 hectolitres et nous sommes le seul vignoble à manquer autant de vins avec ce millésime 2022 aux faux airs de 2003. Les opérateurs ont donc choisi les marchés les plus rémunérateurs (les États-Unis, le Danemark, la Suède, la Finlande) et privilégié les débouchés dans l’Hexagone ; l’export est ainsi passé de 60 % en 2018 à 50 % en 2022, mais nous faisons juste le dos rond par manque de munitions. Quand la production reviendra à la normale, on repartira à l’export notamment sur des marchés dynamiques comme les États-Unis où nous sommes déjà présents, mais où nous pouvons encore largement nous développer et les pays de l’Est au fort potentiel. L’organisation de nos grandes entreprises et coopératives nous le permet.
Mais la déconsommation du vin en France ne limite-t-elle pas le développement de la commercialisation ?
Nous sommes très présents chez les cavistes qui sont costauds et ont su bien résister à la crise (plus de 20 % des ventes) et nous avons augmenté nos ventes en grande distribution ; ce circuit pèse aujourd’hui 15 % des ventes, avec plus de valorisation (+ 3,9 % en volume, + 2 % en valeur en 2022) alors que les vins tranquilles au global sont en recul. C’est une façon de voir le bon côté des choses. Nous allons également travailler à structurer l’offre des vins à table pour mieux nous déployer en CHR. Il faut jouer sur le gros manseng qui apporte plus de structure aux bi-cépages pour accompagner les plats.
Profitez-vous également d’une demande croissante sur les vins blancs ?
Le marché français rétrécit mais il blanchit. Notre succès est sans doute dû à notre production à 83 % en blancs. Le colombard qui est notre signature reste le premier cépage avec la moitié de l’encépagement du vignoble suivi désormais par le gros manseng, en forte progression avec un peu plus de 20 %, talonné par le sauvignon. Mais l’export est encore plus friand de blancs. Et les gros investissements dans les chais et dans le commerce nous a permis de proposer des vins plus qualitatifs.
L’avenir des Côtes-de-Gascogne face au réchauffement climatique résidera-t-il dans d’autres cépages ?
Nous restons sur nos cépages identitaires que sont le colombard, le gros manseng et le tannat pour lesquels nous avons lancé un projet global avec les appellations voisines. Nous n’avons donc pas besoin de cépages résistants ; mais nous travaillons sur des idéotypes pour les croiser avec nos trois cépages endémiques mais cela va nécessiter au moins 15 ans d’expérimentation. Le deuxième axe de réflexion porte sur l’expression des thiols qui peut être écrasée par l’utilisation du cuivre ce qui est un frein pour le développement bio. Une thèse est en cours sur la façon de contourner les effets du cuivre en vinification.
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