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Sud-ouest : Arracher pour mieux s’adapter

Jeunes plants destinés au vignoble de Fronton

Auteur

Elisa
Centis

Date

22.02.2023

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Dans les vignobles du Sud-Ouest, il n'est pas question de réduire la surface de production. Cependant, arracher peut permettre de replanter mieux, en introduisant des cépages adaptés au changement climatique et aux goûts des consommateurs.

La crise de surproduction qui touche les vignobles bordelais n'est pas étrangère aux appellations du Sud Ouest. « Il y a une baisse continue de la consommation de vin en France et un changement des goûts », souligne Joël Boueilh, co-président de l'interprofession des vins du Sud Ouest (IVSO). Mais contrairement aux viticulteurs de Gironde, dans le Sud Ouest « on va défendre la reconversion du vignoble avec des cépages plus adaptés au marché et non un arrachage définitif », ajoute encore Joël Boueilh.  Des recherches sont entreprises, en partenariat avec L'Institut français de la vigne et du vin, au sein de chaque vignoble. « A Gaillac, nous réfléchissons à la restructuration du vignoble de manière raisonnée et collective depuis un ou deux ans », détaille Louis de Faramond, vigneron du Château Lastours. Leur ambition : planter des cépages qui résisteraient aux aléas climatiques, aux maladies et donneraient de belles vinifications. Pour cela, les Tarnais étudient des cépages autochtones et imaginent des croisements qui pourraient rendre les plantes résistantes aux maladies, notamment. Cette dernière démarche peut prendre « entre 10 et 15 ans », prévient le président de l'AOC Gaillac.  

Sur le Frontonnais, « on regarde comment des cépages rouges se comportent face à la sécheresse et aux gelées », indique Benjamin Piccoli, directeur de la maison des vins de Fronton, appellation au nord ouest de Toulouse. Ici, le marselan pourrait être une alternative au cabernet-sauvignon, touché par des maladies du bois. Sur le Madiran, appellation à cheval sur le Gers, les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées, on introduit du manseng noir, pour s'adapter aux nouveaux goûts. « Il a de la fraîcheur, peu de degrés, peu de tannins, c'est un vin facile à boire qui permettra d'équilibrer un tannat gaillard », explique Joël Boueilh, vigneron sur l'appellation Saint-Mont dans le Gers.

Dans le Sud Ouest, où plusieurs appellations sont réputées pour leurs vins rouges, il est aussi conseillé de développer les blancs. Ces cuvées sont « en rupture chaque fin d'année », fait remarquer Benjamin Piccoli. Les vignerons de Fronton expérimentent ainsi le bouysselet. « Un cépage autochtone qui a du potentiel. Il a notamment une belle acidité, ce qui permet de contrebalancer l'alcool », indique encore le responsable du syndicat de l'appellation Fronton.

Les vignerons rappellent enfin que la restructuration a toujours eu lieu dans les vignobles. « Lorsque l'on a trop de pieds manquant dans une parcelle [car certains sont morts, NDLR], on doit régénérer », décrit Joël Boueilh. A titre d'exemple sur le Frontonnais, Benjamin Piccoli fait remarquer qu'« on a arraché et replanté 171 hectares, ce qui fait près de 8% du vignoble, entre 2019 et 2022 ».