Jeudi 3 Octobre 2024
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25.06.2013
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Du Chili à l’Argentine, en passant par le… Languedoc et aujourd’hui la Chine, les Domaines Barons de Rothschild déploient depuis plusieurs années leur savoir-faire loin de leurs racines bordelaises, celles de Lafite et Duhart-Milon.
Derrière l’étendard de Lafite-Rothschild, vin de légende qui ne fait pas seulement le bonheur des spéculateurs internationaux mais aussi, heureusement, des dégustateurs (même les plus jeunes), le groupe des Domaines Barons de Rothschild (DBR) déploie une intense activité, de ses cinq propriétés bordelaises – Duhart-Milon, Rieussec, l’Evangile, Paradis Casseuil, Peyre-Lebade – à ses « vins de collection » (des vins de marque nommés Légende, Saga, Réserve Spéciale, piloté par l’œnologue Diane Flamand), en passant par ses acquisitions hors de Bordeaux. Le salon Vinexpo, qui s’est déroulé la semaine dernière, était l’occasion pour le groupe de présenter l’intégralité de sa gamme, et de faire le point sur son actualité.
Los Vascos : 25 ans au Chili
Eric Kohler, qui a rejoint il y a près de vingt ans les Domaines Barons de Rothschild, supervise aujourd’hui toutes les propriétés « hors Bordeaux » du groupe. Une activité qui a le vent en poupe : « nous fêtons cette année nos 25 ans de présence au Chili, avec Los Vascos, mais aussi notre dixième millésime du Château d’Aussières, dans le Languedoc. En 1988, nous étions pionniers au Chili : je crois que DBR était le premier groupe non hispanique à investir dans ce vignoble, qui est aujourd’hui très en vogue. Los Vascos couvre aujourd’hui 650 hectares de vignes, avec des nouvelles tranches de plantation régulières. Nous essayons de signer des vins respectueux de leur identité locale, tout en étant cohérents avec le « style » DBR : fraîcheur, buvabilité, élégance… L’Amérique du nord et la Chine forment à elles seules les deux-tiers de notre marché, mais nous ne nous positionnons pas sur l’entrée de gamme. C’est un secteur de forte compétition qui peut nous aspirer vers le bas ».
L’aventure argentine
On trouve une autre approche en Argentine avec Bodegas Caro, une aventure démarrée en 2000 avec la famille Catena, dans la région de Mendoza. « En Argentine, c’est très différent du Chili, explique Eric Kohler. Le climat est plus incertain, les vins sont plus chers, les volumes plus limités… Nous avons aujourd’hui 10 hectares en production propre, auxquels s’ajoutent des contrats d’achats de raisins, ce qui se fait beaucoup là-bas : il est même possible d’acheter des raisins issus de vieilles vignes, de très haute qualité. Nous achetons 80% du raisin, sur des terroirs assez éparpillés, nous jouons sur l’altitude des vignes pour travailler le style de nos vins. La production est de 600 000 bouteilles maximum ».
Dixième millésime dans le Languedoc
L’autre actualité de DBR, c’est l’approche du dixième millésime au Château d’Aussières. Une propriété achetée en 2000 dans le Languedoc, qui a demandé d’importants investissements de restructuration. Plus de 160 hectares de vignes ont été replantés, et la production de vin n’a démarré qu’à partir de 2003. « C’était un challenge énorme, raconte Eric Kohler, et nous ne sommes pas venus ici en conquérants. Il y avait d’abord un véritable attrait pour cette région, pour ce vaste domaine, et pour son potentiel. Dix ans après le premier millésime, nous mesurons le travail accompli, la montée en puissance des vins ».
Folie chinoise
Dans dix ans, la satisfaction sera-t-elle la même en dégustant les vins chinois de DBR ? C’est le nouveau chantier d’Eric Kohler, qu’il supervise de près depuis plusieurs années : « les Chinois sont fans de Lafite, il était donc logique que Lafite aille faire un grand vin en Chine. Le plus difficile a été de trouver le bon emplacement : la Chine est un très grand pays, mais aucune région n’est « parfaite » pour faire du vin. Nous avons finalement opté pour la région de Changdong, qui a le plus de bons paramètres pour faire des vins équilibrés. Les températures sont assez proches de celles du Languedoc en été, avec des hivers plus rudes, et une pluviométrie importante qu’il va falloir surveiller de près. Nous avons fait une étude pédologique chirurgicale, amélioré le terroir en diminuant la profondeur des sols, tout est replanté en terrasses (200 terrasses sur 25 hectares) pour faciliter l’écoulement des eaux. Des porte-greffes aux cépages (40% cabernet sauvignon, 15% cabernet franc, puis syrah, petit verdot, merlot, marselan), nous n’avons jamais mis autant de moyens dans un domaine ». Les travaux ont commencé en 2011, et la première récolte est prévue en septembre 2013. « Après la première récolte, nous ferons les ajustements qui s’imposeront, précise Eric Kohler. Nous voulons faire un grand vin, qui ne sortira que quand il sera parfait ». Un grand vin qui est, bien sûr, exclusivement destiné au marché chinois.
M.D.
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