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[VINISUD] Volcans et terroirs méridionaux, la botte secrète de l’Italie

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

20.02.2018

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Les vins de toute la Méditerranée sont à l’honneur pendant le salon professionnel Vinisud, qui se déroule jusqu’à ce soir au Parc Expo de Montpellier. Parmi les pays venus défendre leurs belles couleurs en terres languedociennes, l’Italie tire une nouvelle fois son épingle du jeu. Deux master classes ont permis – si besoin était – de mesurer l’incroyable richesse des terroirs et des vins transalpins. Cap au sud de la botte.

On a vraiment du mal à imaginer quelqu’un qui pourrait ne pas aimer l’Italie et, sans dégainer d’office les clichés de la Dolce Vita, qui pourrait ne pas aimer la gastronomie et les vins de notre voisin transalpin. L’Italie est, depuis toujours, le rival-ami de la France sur le terrain de la production de vin. Mais même pour les dégustateurs chevronnés, il faut du temps pour se familiariser avec l’extraordinaire mosaïque d’appellations, de terroirs et de cépages que l’on peut y trouver. Bien sûr, les grands vins de Toscane ou du Piémont sont bien connus des amateurs, mais ceux du sud de la Botte sont moins mis en lumière. Il faut pourtant souligner que, sur quelque 642 000 hectares de vignes en Italie, 230 000 sont concentrés dans la partie méridionale – les régions de Campanie, Basilicate, Calabre, Pouilles et Sicile. La Sicile à elle seule compte plus de 100 000 hectares de vignes, talonnée par les Pouilles. Dans ces régions, outre un profil climatique irréductiblement méditerranéen (chaleur, soleil, pluviométrie réduite à deux mois d’hiver), l’originalité vient aussi de la présence de terroirs volcaniques qui sont une signature inimitable. Le Vésuve près de Naples, et l’Etna en Sicile sont ainsi deux points d’ancrage essentiels pour qui veut partir à la découverte des trésors méridionaux d’Italie. Deux master classes animées dans le cadre de Vinisud par Vinny Mazzara, sommelier conseil originaire de Syracuse, nous ont permis de dénicher quelques coups de cœur.

Vins de volcans

On part direction l’île d’Ischia au large de la Campanie, avec un blanc issu de deux cépages autochtones, Biancolella et Forastera. Casa d’Ambra 2016 de la coopérative Vini d’Ambra se signale par son profil très minéral, à la fois floral, marin et cendré. C’est un vin affuté et très désaltérant (prix indicatif 10 €).
En rouge, énorme coup de cœur pour un vin venu de Sicile : la cuvée Alta Mora 2015 de Cusumano, un Etna Rosso 100% Nerello Mascalese. Nez superbe d’élégance, fumé, sauvage, avec des notes balsamiques et sanguines. La bouche est toute en finesse et élégance, digeste, vibrante et saline. Les notes de cerise qui pinotent, la jolie trame acide et la minéralité de l’ensemble signent un vin tout simplement emballant (prix indicatif 20 €).
Troisième coup de cœur de cette dégustation : un liquoreux atypique, Tanit 2014, un Moscato di Pantelleria des Aziende Vinicole Miceli. 100% muscat d’Alexandrie (appelé aussi Zibibbo) passerillé, un concentré d’orange amère et de figue séchée, tout en sucrosité maitrisée. Une vraie gourmandise (prix indicatif 25 €).

Terroirs du Sud

Une autre master class passionnante qui nous a permis de rester un bon moment en Sicile et de revenir sur un joli rouge de l’Etna (Capovero) et le cépage Nerello Mascalese, mais aussi sur des cépages blancs aux profils très distincts tels que le Grillo et le Catarratto. La diversité et la qualité des vins de Sicile n’étant plus à prouver, c’est dans les Pouilles et en Campanie que se sont situés nos coups de cœur.
La cuvée 80 Vecchie Vigne 2015 de l’Azienda Vinicola Cignomoro, dans les Pouilles, est un 100% Primitivo (le cépage emblématique de la région) affichant un profil très plein, un déluge de fruit, dense et confit, avec une touche chocolatée-vanillée. Une approche intéressante quoiqu’un peu « techno » du Primitivo (prix indicatif 13 €). On pourra préférer, en IGP Puglia, la cuvée Conte Giangirolamo 2015 de Tenute Girolamo, assemblage à parité de Primitivo et Negroamaro. Un nez très noble et profond, un peu musqué, fumé et balsamique. Une fraicheur subtilement réglissée. C’est un vin frais, juteux, concentré mais poivré, avec tanins très soyeux, des épices et d’élégants amers en finale. On aime beaucoup ! (prix indicatif 13,50 €)
On reste dans les Pouilles avec un 100% Negroamarao, Pirofamo 2011 (IGP Salento) de la Cantina Fiorentino. Un vin qui présente déjà d’intéressants signes d’évolution, une robe ambrée, un nez de tabac, de cuir et de liqueur de café, qui évoque presque un vieux mourvèdre. La bouche est souple et vibrante, avec une touche de zeste d’orange sanguine qui lui confère beaucoup d’énergie. A moins de 10 €, c’est un superbe rapport qualité-prix.
Enfin, direction la Campagnie avec son cépage roi (en rouge du moins), l’Aglianico. Agriddi 2013 de la Fattoria Albamarina (IGP Campanie) étonne avec son nez presque animal, on devine une touche de volatile mais aussi pas mal de complexité. L’amplitude de la bouche est séduisante. C’est un jus tapissant, intense, riche, porté par une trame tannique qui demande à se fondre. Un vin très dense qui devrait gagner en élégance avec le temps (prix indicatif 15 €). L’occasion de rappeler que la Campanie est aussi le berceau de superbes vins blancs grâce aux cépages Fiano, Greco di Tufo et Falanghina. Allez, tous cap au Sud !