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[Millésime Bio] Robert Eden, Château Maris : « le monde a besoin de Bio »

Auteur

Anne
Serres

Date

27.01.2016

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« Je suis venu à la biodynamie par la terre de mes vignes, je suis ravi d’en parler dans Terre de Vins ! » Incarnation de l’élégance et du bel esprit britannique, en même temps que vigneron très engagé, Robert Eden nous accueille sur son stand de Millésime Bio. Non seulement les vins de son Château Maris sont fantastiques, mais il a participé à la COP 21 pour parler de ses initiatives au service de la réduction de l’empreinte carbone de son domaine : 45 hectares de vignes en biodynamie et une cave bâtie en briques de chanvre et de chaux.

Issu d’une illustre famille anglaise (il est le 10ème de la lignée des barons de West-Auckland (Royaume-Uni) et le 8ème de celle des barons du Maryland (USA), son grand-père n’était autre que Sir Anthony Eden, Premier Ministre de sa Royale Majesté), Robert Eden confie « être tombé dans le vin » en accompagnant son père choisir les bouteilles dans la cave familiale. « Puis je suis sorti de l’école prématurément et j’ai trouvé à m’occuper en Australie, à tailler la vigne dans un domaine de la Hunter Valley. Je suis ensuite allé de vignoble en vignoble : la Toscane, la Bourgogne, l’Espagne, la Californie… puis je suis arrivé en Languedoc en 1994. En 1997 j’ai acheté le Château Maris en Minervois. »

Bio et biodynamie au secours de la vie des sols

Le terroir du Château Maris a séduit Robert Eden, mais très vite, il devient clair qu’il va falloir insuffler de la vie aux sols du domaine. « Les vignes avaient été exploitées à grand renfort de produits chimiques pendant des années et les sols étaient morts. Or des sols morts ne peuvent que rendre les vignes malades et produire des raisins impropres à donner de grands vins. Pour restaurer la vie microbiologique des sols, nous avons utilisé le seul moyen possible : ajouter du compost à base de fumier de vache et de brebis. Nous avons fait une expérience : nous avons traité deux piles du même fumier selon la méthode bio et selon la méthode biodynamique. Au bout de quelques mois, au microscope, nous avons vu à quel point la biodynamie est plus puissante pour produire un compost riche en vie micro-organique. Et après notre conversion en bio en 2002, nous avons vite eu la certification Demeter en 2004. »

Késako la méthode biodynamique ? Développée en 1924 par Rudolf Steiner dans un cycle de conférences dont le contenu repris par écrit a donné un Cours aux Agriculteurs, la biodynamie appliquée à l’agriculture s’appuie, notamment, sur les principes de l’homéopathie. « Pour le compost, on prend une boule de fumier dans laquelle on place une très faible de dose de préparations biodynamiques, nous avons utilisé les 503 à 507 (à base d’achillée, camomille, de pissenlit, ortie, valériane, écorce de chêne). On place une boule au cœur de la pile tous les mètres. Ces préparations homéopathiques activent la vie microbienne du compost de façon indiscutable. »

Biodynamie et réduction des émissions de CO2 : une démarche de la vigne au chai

Pour Robert Eden, la révélation de la biodynamie ne s’arrête pas à la vigne. Et pour cause : démarche d’ensemble de rétablissement de cercles vertueux au sein du sol, entre le sol et la plante, la plante et le ciel, les hommes et les éléments… Elle porte les germes d’une approche holistique qui touche tous les aspects de la vie de ceux qui la mettent en œuvre (ses détracteurs critiquent d’ailleurs notamment ses aspects ésotériques). « Passer en biodynamie dans nos vignes a changé nos vies, notre façon de voir notre quotidien et notre outil de travail. Il m’est apparu qu’il nous fallait construire une cave qui respectait ce que nous faisions à la vigne et en cohérence avec notre démarche. Et nous avons bâti cette cave avec des briques de chanvre et de chaux, qui absorbe du CO2 par carbonatation. Le but est de ralentir le réchauffement climatique, notre pire ennemi en tant qu’agriculteurs. Nous sommes responsables de notre empreinte carbone chaque jour. »

Quel bilan pour la COP 21 ?

Vigneron engagé, Robert Eden se trouvait à la table ronde de la COP21 consacrée aux actions entreprises par des vignerons pour réduire leur empreinte carbone et contribuer au ralentissement du réchauffement climatique. Avec lui autour de la table, les représentants de Concha y Tory (Chili), Fetzer (Californie), de LVMH – Domaines et Châteaux et du Château Smith Haut Lafitte. « L’action des entreprises ne doit pas se limiter à acheter des crédits-carbone pour s’exonérer de la responsabilité de leurs émissions. Nous faisons des dons au Jane Goodall Institute, qui protège les chimpanzés d’Afrique Centrale dans une approche holistique en protégeant les populations qui partagent l’environnement des chimpanzés, à savoir les forêts tropicales, qui sont également essentielles à la régulation des émissions de carbone à l’échelle mondiale. Mais en plus de donner, de l’argent, il faut agir et être cohérent dans chaque action que nous entreprenons.
On a beaucoup discuté du bilan de la COP21, je pense que cette conférence surtout eu l’avantage de permettre aux gouvernements d’adopter des lois qui encouragent les chefs d’entreprise à inclure l’environnement dans leur offre au consommateur, quelle qu’elle soit. La génération des millenials ne consomme pas bio parce que c’est bon pour elle, mais parce que c’est bon pour la planète. C’est une démarche que nous observons tous les jours et plus particulièrement bien sûr ici à Millésime Bio. Quand nous sommes venus pour la première fois à ce salon en 2003, nous étions, quoi ? 50 producteurs ? Aujourd’hui nous sommes plus de 700 exposants !… La demande pour plus d’environnement dans tous nos achats, toutes nos constructions, toutes nos réalisations, est lisible partout : le monde en a besoin et le monde le veut. Il appartient aux chefs d’entreprise de répondre à cette demande et il appartient aux gouvernements de les soutenir. »