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Crus Bourgeois Exceptionnels : en haut de l’affiche

Ci-dessus : Château Lilian Ladouys, Cru Bourgeois Exceptionnel à Saint-Estèphe.

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

20.02.2020

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C’est la consécration absolue pour 14 châteaux avec l’obtention du statut de Cru Bourgeois Exceptionnel. L’élite du classement des Crus Bourgeois réunit Le Boscq, Le Crock et Lilian Ladouys à Saint-Estèphe, D’Arsac et Paveil de Luze à Margaux, Lestage à Listrac et en appellation Haut-Médoc, D’Agassac, Arnauld, Belle-Vue, Cambon La Pelouse, Charmail, Malescasse, De Malleret et Du Taillan. Autant de châteaux promis à un rôle de locomotive.

Retrouvez ici le classement complet des Crus Bourgeois du Médoc

Par les temps qui courent à Bordeaux, où beaucoup d’interrogations planent au-dessus du marché, les bonnes nouvelles sont les bienvenues. Le classement des Crus Bourgeois vient de paraître et les heureux élus tout en haut de l’affiche peuvent exulter. « C’est une belle surprise car rien n’est jamais acquis, loin de là, confie le directeur du Château Lilian Ladouys, Vincent Bache-Gabrielsen. Il y avait beaucoup de candidats très sérieux avec un cahier des charges léché, on est heureux ». C’est en tout point une énorme satisfaction de ce côté de Saint-Estèphe où les dix ans d’investissement de la famille Lorenzetti ont porté leurs fruits. A l’autre but du Médoc, du côté du Château du Taillan, cette promotion donne également du baume au cœur. « Je suis ravie dans un moment difficile avec le gel qui nous a frappé en 2017, 2019 et la grêle en 2018, nous avons très peu de vins alors cette consécration me fait beaucoup plaisir, on a mis les bouchées doubles pour l’obtenir », explique la propriétaire Armelle Cruse. Chaque cru, chaque propriétaire fait résonner son trophée avec son histoire, faite d’obstacles, de moments heureux comme malheureux.

Entre récompense et hommage

À Margaux, au Château Paveil de Luze, cette annonce du classement a une saveur particulière qui salue à la fois le travail effectué et rend hommage au regretté Frédéric de Luze. « Nous sommes tous ravis de voir que tout ce qui a été mis en place par mon frère a fonctionné, ses rêves paraissent s’exaucer, et nous pensons aussi à notre père Geoffroy qui avait commencé le travail », souligne Marguerite de Luze. La même émotion en forme d’hommage au bâtisseur est palpable au Château Lestage en rapport à Marcel Chanfreau ou encore au Château Belle-Vue qui a retrouvé des couleurs sous l’impulsion de Vincent Mulliez, aujourd’hui disparu. « De là-haut, il doit être fier, c’est le résultat d’un travail important, nous sommes une toute petite propriété et la qualité des vins est constante », confie Isabelle Mulliez. Les bâtisseurs passent, les crus restent. Cet adage nous rappelle que classement – comme celui de 1855 – est aussi une pression, un challenge permanent dans l’idée de tenir son rang. Ce n’est pas un tapis de lauriers sur lequel se reposer…

Et maintenant ?

Philippe Austruy à la tête du Château Malescasse, Philippe Raoux en son Château d’Arsac comme Bernard d’Halluin du Château Charmail savent combien l’exigence s’entend sur le temps long et qu’elle doit sous-entendre une dynamique commerciale. « On a fêté ça au Bollinger et je me réjouis que ne soyons pas 13 mais 14 crus bourgeois exceptionnels… mais beaucoup plus sérieusement, la question est désormais de savoir si ça va faire bouger les lignes, si le négoce de la place de Bordeaux va se mouiller davantage, il faut que cette médaille entraîne une dynamique commerciale », explique sans langue de bois Bernard d’Halluin. Du Château d’Agassac, propriété de Groupama au Château Arnauld, propriété d’Allianz, en passant par le Château Cambon la Pelouse, qui vient d’être acheté par le groupe Penfolds, en somme chez tous les Crus Bourgeois, exceptionnels ou pas, on espère que l’essai prestigieux va être transformé sur le terrain du commerce. C’est le pari de faire partie de cette famille. « Ça ne doit pas rester un truc bordelo-bordelais mais ce classement doit avoir un écho international », plaide Jean Chanfreau. A bon entendeur salut !

Trombinoscope des Crus Bourgeois Exceptionnels

Château d’Agassac
Ce cru en Haut-Médoc basé sur la commune de Ludon est la propriété de Groupama. Dirigée par Jean-Luc Zeel, avec pour consultant Stéphane Derenoncourt, cette propriété compte une quarantaine d’hectares de vignes et une superbe bâtisse, le tout voué à l’œnotourisme avec notamment un restaurant.

Château Arnauld
A deux pas de l’appellation Margaux, cette propriété en Haut-Médoc fait partie des vignobles Larose (Larose-Trintaudon, Larose Perganson) du groupe Allianz. C’est un cru de 17,5 hectares sur le plateau d’Arcins qui compte pour voisins les châteaux Chasse-Spleen ou encore Poujeaux. Son directeur est Franck Bijon.

Château d’Arsac
Reconnaissable par les œuvres d’art qui essaiment dans le parc, ce cru margalais est la propriété de Philippe Raoux. Avec le directeur technique Olivier Bonneau et le consultant Hubert de Boüard, le travail s’opère sur 112 hectares d’un seul tenant ce qui en fait l’un des plus grands domaines de Margaux. Un vin blanc est aussi produit.

Château Belle-Vue
Propriété de la famille Mulliez (Château de Gironville, Bolaire) depuis 2004, ce cru est situé sur la commune de Macau. Il compte une quinzaine d’hectares avec la particularité d’avoir beaucoup de petit-verdot (20%). Le directeur du vignoble est aujourd’hui Yannick Reyrel qui a succédé à Vincent Bache Gabrielsen.

Château le Boscq
Cette pépite de Saint-Estèphe fait partie des vignobles Dourthe qui appartiennent au groupe champenois Thiénot. Le directeur du domaine est Frédéric Bonnaffous, le vignoble s’étend sur 18 hectares. Cette propriété est dans le classement des Crus Bourgeois depuis son origine en 1932.

Château Cambon la Pelouse
Récemment acquis par le groupe australien Treasury Wine Estates (qui détient notamment la marque Penfolds), ce cru s’étend sur une soixantaine d’hectares en appellation Haut-Médoc. Il est situé sur la commune de Macau. Il fait partie d’un ensemble de propriétés avec L’Aura de Cambon et le Château Trois Moulins.

Château Charmail
Ce magnifique château est posté à Saint-Seurin-de-Cadourne en appellation Haut-Médoc. Bernard d’Halluin a acquis cette propriété en 2008. D’importants investissements ont été opérés depuis pour un vignoble atteignant la trentaine d’hectares. L’ancien propriétaire et œnologue, Olivier Sèze, reste aux commandes de ce cru.

Château le Crock
La famille Cuvelier prête la même attention à ce cru de Saint-Estèphe qu’à leur célèbre Saint-Julien, le Château Léoville-Poyferré. La directrice s’appelle Sara Lecompte Cuvelier. Cru Bourgeois Supérieur en 1932, cette propriété compte aujourd’hui 32 hectares avec une forte proportion de cabernet sauvignon (53%).

Château Lilian Ladouys
Nous sommes à Saint-Estèphe chez Jacky, Françoise Lorenzetti et leur fille Manon qui détiennent aussi le Grand Cru classé 1855 à Pauillac, le Château Pédesclaux. Le vignoble s’étend sur plus de 80 hectares. Ce cru est dirigé par Emmanuel Cruse, propriétaire du Château d’Issan, et Vincent Bache Gabrielsen.

Château Lestage
Unique Listrac dans le peloton des Crus Bourgeois Exceptionnels, cette propriété est détenue par la famille Chanfreau depuis les années 60. La part belle est faite au merlot sur les 46 hectares que compte le domaine. La famille Chanfreau possède aussi le Château Fonréaud (Cru Bourgeois Supérieur), le Château Chemin Royal et le Château Caroline.

Château Malescasse
Située sur la commune de Lamarque, cette propriété en Haut-Médoc, longtemps détenue par Alcatel-Alsthom, est depuis 2012 entre les mains de Philippe Austruy qui préside aussi aux destinées de la Commanderie de Peyrassol en Provence. Le Château Malescasse compte une quarantaine d’hectares, Stéphane Derenoncourt en est le consultant.

Château de Malleret
Le magnifique château et les 350 hectares du domaine sont basés à Le Pian-Médoc. Le vignoble en appellation Haut-Médoc est d’une vingtaine d’hectares. Les descendants de Philippe-Frédéric Clossmann assure la bonne tenue de ce cru avec pour gérant Paul Bordes et pour consultants Stéphane Derenoncourt et Aymar du Vivier.

Château Paveil de Luze
Cette propriété margalaise appartient à la famille de Luze depuis 1862. Le vignoble est d’une trentaine d’hectares situé sur la commune de Soussans. Les beaux millésimes se succèdent avec l’intervention du consultant Stéphane Derenoncourt. Ce Château se convertit de plus en plus à l’œnotourisme.

Château du Taillan
Aux portes de Bordeaux, ce cru appartient à la famille Cruse dont Armelle assure la direction. Le vignoble est d’une trentaine d’hectares sur lequel on produit aussi un vin blanc La Dame Blanche. Par sa splendeur et sa proximité avec Bordeaux, le Château du Taillan connaît un important développement du réceptif.

https://www.crus-bourgeois.com/classement-2020/