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Le gel frappe aussi de plein fouet le vignoble bordelais

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

27.04.2017

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Triste printemps pour les vignerons. Depuis une semaine, les gelées ne cessent de toucher en cascade les vignobles français. Et le Bordelais n’a pas été épargné dans la nuit de mercredi à jeudi.

Après la Loire, la Champagne ou l’Hérault, c’est le vignoble bordelais qui s’est éveillé transi de froid ce jeudi matin. Le gel a amplement sévi sur l’ensemble du vignoble bordelais, et deux nuits de gelées sont encore annoncées par les prévisionnistes. Premier tour d’horizon des vignes.

La Rive Droite durement frappée

La rive droite a été, semble-t-il, particulièrement touchée par ce gel printanier. Le château Fleur Cardinale (Saint-Emilion Grand Cru classé), à Saint-Etienne de Lisse, en a fait les frais. «  Pour beaucoup de parcelles, il n’y a absolument aucun espoir possible, tout a été dévasté par le froid, c’est fini, les vendanges sont faites, constate Caroline Decoster. Pour d’autres, il faut voir si les contre-bourgeons sortent ou pas pour compenser la perte des bourgeons, sachant qu’ils ont déjà été secoués la semaine dernière par un premier coup de froid… Il y a ce que l’on voit et ce qui n’est pas encore visible, l’étendue des dégâts est encore difficile à évaluer. » Un coup dur « d’autant que les vignes étaient magnifiques jusque là. On attend avec angoisse de voir ce qu’il va se passer les deux prochaines nuits, car du gel est encore annoncé… »

Non loin de là, au château Mangot (Saint-Emilion Grand Cru), « la station météo du château, positionnée sur le coteau sud, à 45 mètres d’altitude, a enregistré jusqu’à -2°C. Sur nos parcelles à 40 mètres d’altitude, il n’y a eu presque aucun dégât. En revanche, sur les pieds de côtes, à 30 mètres et en-dessous, ça a gelé. On a répertorié 5 ha sur 35 ha gelés. » Au château La Brande, autre propriété des frères Todeschini en Castillon Côtes de Bordeaux, « la situation est dramatique. Les vignes situées entre 20 et 30 m d’altitude ont été grillées à 100%. Soit 11 ha sur les 20 que compte la propriété. »

A la limite entre Saint-Emilion, Pomerol et Lalande-de-Pomerol, à 400 m de Petrus qui a déployé hélicoptères et chaufferettes cette nuit, Julien Noël, du Chateau Moncets et Chambrun en Lalande de Pomerol, a passé ce jeudi à arpenter les vignes pour évaluer les dégâts. « Les gelées ont débuté vers 3h et augmenté jusqu’à 6h, avec des températures jusqu’à -3°C. On a commencé à mettre des braseros dans les couloirs gélifs, mais on a vite compris qu’on ne pourrait pas contenir les gelées quand le nuage de gel a envahi le nord de Pomerol et le sud de Lalande. » Sur la trentaine d’hectares de la propriété, « toutes nos parcelles ont été touchées de 30 à 100% pour celles qui étaient déjà dans un couloir atteint par le gel la semaine dernière. On ne pourra faire un bilan que la semaine prochaine car les gelées sont encore prévues cette nuit et celle de demain. »

Graves et Médoc : un impact sérieux

Rive gauche, dans les Graves, « l’appellation est très touchée dans sa globalité, à plus de 50%, déplore Dominique Guignard, président du syndicat des Graves. Les secteurs de Cérons et La Brède sont particulièrement impactés. » Au château Roquetaillade La Grange, dont il est copropriétaire avec ses frères, « sur les 38 ha, c’est hétérogène selon les secteurs. On est impactés entre 30 et 50%. Sur nos autres propriétés des Graves, le château d’Uza a été peu impacté, alors que le château Perron a lui été touché entre 40 et 50%. Ce gel, c’est vraiment dommage car on partait sur quelque chose de très beau. Mais on y verra plus clair dans 4-5 jours sur l’étendue des dégâts. »

Côté Médoc, au château Marquis de Terme (4e grand cru classé de Margaux), le maître de chai Julien Brahmi a lui aussi fait le tour du vignoble. « Sur nos 36 ha en production, 6 ha sont totalement grillés. Le froid a probablement pointé vers 5h du matin. Tout le monde est plus ou moins touché à Margaux. » Un épisode qui fait tristement écho au gel de 1991, mais « c’est différent car cette année la vigne est bien plus précoce, avec 7 ou 8 jours d’avance par rapport à 1991. » Et de conclure : « On ne respirera vraiment que samedi matin, car du gel est encore annoncé ce soir et demain. »