Accueil Grêle puis inondations : la « double peine » en Sud Gironde

Grêle puis inondations : la « double peine » en Sud Gironde

ChateaudeRolland-Inondations (6)

Auteur

Audrey
Marret

Date

14.05.2020

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Après l’orage de grêle de ce samedi 9 mai, le Sud Gironde essuie des inondations. Les vignobles des Graves, de Barsac et Sauternes, dans une moindre mesure, sont principalement touchés par le débordement du Ciron et du réseau de rivières affluentes de la Garonne.

« C’est la double peine », se désole Jean-Jacques Dubourdieu, au Clos Floridène. L’orage de grêle, phénomène microlocal, est resté localisé sur les communes de Budos et Pujols sur Cirons, balayant moins durement un couloir allant jusqu’à Barsac, Landiras et le Langonnais, au sud de Bordeaux, sur la rive gauche de la Garonne. Au Clos Floridène, qui possède une partie de son vignoble à Pujols sur Ciron, les parcelles de blancs ont entièrement été ravagées. « J’estime la perte à plus de 50%, confie Jean-Jacques Dubourdieu, mais c’est une évaluation plus qu’optimiste. Il y a eu 3 à 4 minutes à sec avec des rafales qui ont été dramatiques : les grêlons ont traversé quatre rangs de vignes, provoquant quatre fois plus de dégâts ».

« Il y a eu des pertes à 100% dans certains vignobles, confirme Joël Ortiz, conseiller viticole à la Chambre d’agriculture, responsable du secteur Sud Gironde. Les rameaux ont été sectionnés à 30 cm au-dessus de la grappe. Ce qui est haché est perdu et ce qui n’est pas tombé a été martelé par les grêlons. » Avec à la clé des risques de maladie ou de cassure des grappes.

Près de 17 cm d’eau en trois jours

Dominique Guignard, président du syndicat viticole des Graves, estime la zone touchée à 200 hectares et une quinzaine de domaines, au minimum. « C’est plutôt 400 à 500 hectares, réévalue Joël Ortiz. On en saura plus à la fin du recensement mené sur le terrain par la Chambre d’agriculture. »

Aux dégâts de la grêle se sont ajoutées les conséquences des pluies et des inondations. « Il est tombé en trois jours entre 150 et 160 mm de pluie, soit 17 cm d’eau », explique Gwenaëlle Leveque, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture. Plusieurs routes ont été coupées dans le département. Les sols gorgés d’eau empêchent toute intervention dans les rangs.
« Nous avons 2 hectares de vignes les pieds dans l’eau », témoigne Monique Garcia, au Château de Rolland, un domaine 15,5 hectares plantés à Barsac. Une situation inédite pour le Ciron, peu connu pour de tels débordements. « Les terrains sont impraticables. On ne pourra pas intervenir avant une dizaine de jours. »

« On puise dans nos réserves »

Pour les vignerons, il s’agit surtout de traiter les vignes abimées et de les protéger des maladies, en particulier du mildiou, qui attaque et progresse avec l’humidité. « La semaine précédant l’orage, on a déjà eu 80 mm de pluie, rappelle Christophe Zausa, au Château Pouyanne, à Budos. Certains ont essayé de sortir hier dans les vignes mais ils ont embourbé les tracteurs. » Un quart des vignes du château ont été touchées à 100% par la grêle. Christophe Zausa pense ne pas pouvoir agir avant plusieurs jours. De son côté, Jean-Jacques Dubourdieu croise les doigt pour rentrer dans les vignes ce jeudi 14 mai pour un sinistre qui a eu lieu pratiquement une semaine auparavant.

« Le monde paysan est connu pour ses capacités de résilience, mais là, on puise dans nos réserves », explique-t-il. D’autant que l’orage de grêle aurait pu être évité, du moins atténué, par le déclenchement du canon à grêle du réseau ADELFA, l’association agricole de lutte contre les fléaux atmosphériques. L’ADELFA Gironde gère un réseau de quelque 140 canons en Gironde. Celui de Balizac n’a pas été déclenché à cause une déficience humaine, confirme Joël Ortiz. La Chambre d’agriculture mène un travail avec l’ADELFA pour que la situation ne se reproduise pas.

Diaporama : Au Château de Rolland, près du Ciron, 2,15 hectares de vigne en Bordeaux blanc et rosé sont inondés. (Photos de Romain Garcia Guignard)

Ci-dessous : Un quart des vignes du Château Pouyanne, à Budos, ravagé par la grêle. (Photo de Joël Ortiz)