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[Champagne Tasting] Henriot : vins clairs inattendus et nouvelle cuvée « L’Inattendue »

Auteur

Yves
Tesson

Date

30.03.2022

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Henriot qui participera le 7 mai prochain à l’événement Champagne Tasting à Paris organisé par Terre de Vins, nous a invité au centre d’interprétation sensoriel « Pressoria » d’Aÿ pour une première découverte des vins clairs de l’année 2021. L’occasion de nous présenter sa nouvelle cuvée, « L’inattendue », à vocation itinérante, et qui s’arrête pour ce premier opus à Avize en 2016.

Nous avions interviewé Alice Tétienne, cheffe de cave de la maison, en pleines vendanges. Elle était alors plutôt optimiste sur la qualité, tout en nous invitant à la rejoindre plus tard, au moment de la dégustation des vins clairs, pour constater ensemble « le message délivré par l’année ». Le bilan : l’hétérogénéité des récoltes, avec des rendements généreux sur la Côte des blancs et très inégaux sur les autres secteurs, ne se retrouve pas dans la qualité des vins. Au contraire, ceux-ci apparaissent plus lissés, avec moins de gros caractères à la différence de 2020. « Tout le monde est plus raccord, il y a moins de hiérarchie. »

La difficulté majeure a été la gestion de la maturation. « Les cinétiques n’arrivaient pas en même temps. Les sucres évoluaient très bien alors que les acidités restaient accrochées tout en haut. Les dégustations de baie étaient difficiles, on est tous allés voir nos dentistes à la fin de la vendange ! ». Quant à l’aromatique, elle mettait beaucoup de temps à arriver. Bref, il fallait savoir être patient. « Nous étions dans les starting-blocks depuis fin août. Cela n’a jamais été aussi au jour le jour et nous n’avons pas cessé de repousser la date de la cueillette en se disant, certes, les sucres sont là, mais il faut quand même que cela raconte quelque chose ! »

©we are the good children

A la dégustation, le premier constat, c’est que les niveaux d’acidité sont en réalité acceptables. En fin de compte, c’était surtout les niveaux de malique qui étaient élevés. L’acidité a donc été largement réduite par les fermentations malolactiques, même si elles ont été longues et parfois inachevées. Le deuxième constat, c’est l’absence de tare. « Bizarrement, à l’approche des vendanges, on a eu toutes les saisons, journées chaudes, nuits pluvieuses… faisant craindre une diffusion de la pourriture grise et de l’oïdium. C’est resté limité. »

Quelques exemples ? Partons dans cette région qui a été le premier cœur de l’approvisionnement de la maison à l’époque de la fondation en 1808, le Nord de la Montagne et en l’occurrence les pinots noirs de Mailly. La teinte marquée du vin est surprenante pour un millésime peu ensoleillé. « Cela s’explique par la fragilité des peaux cette année ». Alors qu’en général, on reconnaît immédiatement ce cru par son côté criard, il semble plus élégant. Même constat pour le chardonnay de Trépail. On le décrit d’ordinaire, bourru, avec cette amertume finale rugueuse, qui ressemble à celle des Champenois, peu enclins à « donner leur cœur tout de suite mais si grands quand on sait prendre le temps ». Ici on le découvre assagi, ouvert d’esprit. A partir des années 1880, la Maison a complété son domaine en investissant la Côte des blancs. Nous avons dégusté Chouilly dont les fruits exotiques typiques ont tardé à voir le jour et semblent moins exubérants. Avize nous a aussi surpris. La craie plus dure, y sculpte en général des vins ciselés, tendus. Cette fois au contraire, le profil est moins cistercien et la lecture d’emblée facile.

©Alexis Jacquin

Dès son arrivée en 2015, alors qu’il réalisait ce même exercice, frappé par la diversité des terroirs de la Maison, Gilles de Larouzière a imaginé créer une cuvée itinérante. Le principe ? Sélectionner toutes les années où cela sera possible, le vin clair qui se sera le plus distingué, le chouchou, et nous faire voyager ainsi au fil des millésimes à travers la palette incroyable de crus et de parcelles avec laquelle la maison peut jouer dans ses assemblages. L’expérience a été menée dès 2016 et le premier choix s’est tourné vers Avize. « Dans ce cru, sur ce millésime, il y avait certes cette tension qui caractérise Avize, mais balancée par un déploiement aromatique, une harmonie, avec une forme non pas de rondeur, mais de plénitude tranchant avec le caractère cinglant qu’on lui connaît. Une expression inattendue, que nous a séduite ! »

Prix : 110 €

www.champagne-henriot.com