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La 165ᵉ vente des Hospices de Beaune se précise

vente des vins des hospices de beaune

Martin Solveig (©Martin Solveig), Alice Taglioni (©Agence UBBA) et Cédric Klapisch (©Lisa Ritaine) seront les parrains de la 165ᵉ vente des vins des Hopsices de Beaune.

Auteur

Lucie
de Azcarate

Date

22.10.2025

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La vente des Hospices de Beaune continue de fasciner. Sa 165ᵉ édition, qui se tiendra le 16 novembre prochain, entretient la légende avec une nouvelle cuvée « François Faiveley » en Clos Vougeot Grand Cru et des parrains pour la pièce de charité : Alice Taglioni, Martin Solveig et Cédric Klapisch, qui propulsent le monde du vin sous le feu des projecteurs.

Chaque année, la vendange des vignes des Hospices de Beaune est mise aux enchères. Le produit de la vente est consacré à l’amélioration des structures de soins de l’hôpital ainsi qu’à la conservation du musée de l’Hôtel-Dieu. Aussi, le fonctionnement de cet établissement public dépend de la qualité et du volume des millésimes successifs. En 2024, année qui cumulait passage en bio et intempéries records, les volumes étaient réduits avec 321 pièces en rouge et 117 pièces et 3 feuillettes (demi-pièces) en blanc.

Pour 2025, les volumes restent modestes avec 428 pièces de vins rouges et 110 pièces et 2 feuillettes de blancs, soit 538 pièces et 2 feuillettes en tout. Quant au profil des vins, il est difficile à appréhender. C’est un millésime que Ludivine Griveau, régisseur du Domaine, qualifie de « solaire », tout en concédant qu’il s’avère également « très bourguignon » par sa finesse, son acidité et ses équilibres. Néanmoins, l’ensemble des 51 cuvées sont présentées, ce qui laisse présager d’une qualité tout à fait honorable auxquelles s’ajoute une 52ᵉ et nouvelle, la cuvée François Faiveley.  

La famille Faiveley perpétue la tradition

Fondés en 1443, les Hospices civils de Beaune ont traversé les âges, y compris la Révolution française qui laissa les finances de l’institution exsangues. Pourtant le domaine viticole, constitué au fil des donations et des legs, fut préservé par la vente d’autres actifs, les bois. Quant à la tradition, elle se perpétue, aujourd’hui, grâce à la famille Faiveley qui fête cette année les 200 ans de l’établissement de sa maison éponyme en Bourgogne.

« Plutôt que de recevoir des présents à l’occasion de leur anniversaire, les membres de la famille Faiveley, ont eu à cœur de perpétuer une tradition de charité » souligne Ludivine Griveau, régisseur du Domaine des Hospices. C’est ainsi que 4 ouvrées de Clos Vougeot Grand Cru (de quoi produire trois pièces) viennent d’intégrer le Domaine des Hospices de Beaune. Selon une tradition rôdée depuis des siècles, la cuvée prendra le nom « François Faiveley », en hommage à deux François Faiveley, le premier représentant de la 3ᵉ génération ayant dirigé le Domaine (1859-1918) et le deuxième représentant la 6ᵉ génération (1951). Avec cette 52ᵉ cuvée, les acheteurs auront donc l’occasion d’une « double primeur » avec l’achat, en primeur, du premier millésime de la cuvée François Faiveley du Domaine.

Un millésime en dents de scie

2025 ne tient pas les promesses de ses prédécesseurs en « 5 », notamment 2005 et 2015. « Ne comparez pas vos enfants, ni les millésimes entre eux » conseille Ludivine Griveau en préambule. Sa référence pédagogique, évidente pour les fratries, vaudrait aussi pour les millésimes. Il faut donc donner sa chance à 2025, sans se lancer dans des comparaisons à son détriment.

Si le réveil de la vigne intervient tardivement par rapport aux années précédentes, vers le 25 mars, le millésime s’avère, dans son ensemble, précoce. Le mois d’avril donne le ton. Lors de la première quinzaine, des records de chaleur sont battus, propices à une forte poussée de la végétation qui sera ensuite stoppée par une fin de mois glaciale, si bien que la sortie du fruit s’accompagne de quelques phénomènes de filage.

Dès mai, la coulure et le millerandage laissent présager un millésime aux volumes limités. Vers le 17 juillet, les premières véraisons interviennent à Corton et à Beaune, sur le climat « Les Bressandes ». Entre le 5 et le 8 août, les maturations s’enclenchent et déjà, il incombe au régisseur et à ses équipes de prévoir les vendanges. Elles débuteront le 22 août. En 8 jours, 52.5 ha seront vendangés avant une interruption inédite de 5 jours à cause de pluies diluviennes.

Rançon de la renommée et de l’étendue du Domaine, chacun des choix de Ludivine Griveau sont scrutés et commentés par la profession. Dans un millésime aussi chaotique que 2025 qui commence presque tardivement pour s’achever sur des vendanges précoces, cette pression des pairs est exacerbée. Très tôt dans l’été, elle interrompt les opérations de rognage. La végétation, certes, se densifie dans les rangs de vigne, mais la couverture végétale prévient l’échaudage des raisins. De même, la décision de vendanger parmi les premiers se justifie par l’instabilité des prévisions météo.

En cave aussi, il faut assumer les choix. Pour le millésime 2025, le recours à la chaptalisation essentiellement pour les vins rouges – seuls des chardonnays de Chablis et de Saint-Romain ont été chaptalisés de manière sporadique – interroge. Et Ludivine Griveau d’expliquer : « Cet outil œnologique ne doit pas être tabou, ne pas l’utiliser serait comme refuser un traitement. Dans certains cas, nous n’avions pas assez de degré potentiel suffisant pour une bonne conservation des vins. Par ailleurs, une adjonction de sucre permet de maintenir l’activité fermentaire pendant deux à quatre jours supplémentaires et donc d’allonger le temps de macération » pour obtenir de beaux vins rouges. C’est d’ailleurs une pièce de rouge qui a été désignée comme Pièce de Charité.

Deux projets pour accompagner les 20 ans de la « loi handicap »

En mai dernier, les Hospices de Beaune annonçaient ouvrir les candidatures, pour bénéficier du produit de la vente de la pièce de charité, aux associations qui œuvrent pour améliorer le quotidien des personnes handicapées à travers des initiatives associant excellence technologique et solidarité. Deux associations ont donc été sélectionnées. D’abord EHCO qui œuvre à l’accompagnement des enfants handicapés en Côte-d’Or. L’association sera représentée lors de la vente par Cédric Klapisch, réalisateur du film Ce qui nous lie, dont l'action se déroule dans les vignes bourguignonnes, et de la trilogie qui débuta par l’Auberge espagnole. Côté recherche, l’Institut Robert Debré du Cerveau de l’Enfant, représenté par l'actrice Alice Taglioni, qui avait déjà occupé ce rôle en 2018, et le DJ Martin Solveig, sera également bénéficiaire.  

Pour la première fois, le vin sélectionné pour cette Pièce des Présidents est un Pommard Premier Cru « Les Rugiens ». Ce climat, généralement utilisé dans la cuvée des Dames de la Charité a été isolé. Composé pour un tiers des Rugiens du Haut et pour le reste des Rugiens du Bas, il offre un profil plutôt dynamique pour Pommard, réputé pour ses argiles. Ici, ce sont les marnes calcaires qui lui confèrent de la singularité. Reste à espérer que son prix atteindra des sommets. L’année dernière, les parrains de la 164ᵉ vente, Jean Réno, Zabou Breitman, Dominic West et Eva Longoria avaient réussi à faire grimper le prix de la pièce de charité à 360 000 € au bénéfice de Médecin sans frontières et Global Gift Action.