Dimanche 8 Décembre 2024
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20.09.2022
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La mode en Champagne ? Une nouvelle sorte de négoce qui met en avant des cuvées itinérantes, nous baladant à travers toute l’appellation, sur telle ou telle parcelle repérée chez tel ou tel vigneron. Parmi les maisons spécialisées dans ce domaine : EPC, Valentin Leflaive, Lombard mais aussi la famille Bonville avec sa marque Odyssée 319. Celle-ci nous a présenté en avant-première sa cuvée « Belval-sur-Chatillon », un 100 % meunier issu d’une parcelle de David Faivre.
Heureux qui comme Olivier Bonville a fait un beau voyage ! Vigneron sur la côte des Blancs installé à Avize, ce dernier a passé sa vie à vinifier des chardonnays. Si on dit que les voyages forment la jeunesse, il peut arriver aussi qu’à force de fréquenter toujours les mêmes terroirs, le temps passant, on ait envie de voir du pays. Avec le lancement d’une marque de négoce baptisée Odyssée 319, Olivier Bonville et son gendre Ferdinand Ruelle ont donc décidé de nous faire parcourir en leur compagnie la Champagne et ses 319 crus, à raison d’un par an.
Comme tout voyage, il commence par une introspection personnelle. Avant de risquer son identité en la frottant à l’altérité, il faut l’avoir soigneusement décortiquée, savoir qui l’on est, même si ce périple sera un moyen aussi de l’approfondir et de mieux la comprendre. D’où cette décomposition préalable du terroir d’Avize, Janus à deux faces, avec d’un côté la cuvée « Levant » et de l’autre la cuvée « Couchant ». Le résultat ? « Le Levant, c’est la typicité sud du village, mûre et complexe. Le Couchant offre une fraîcheur plus marquée, une élégante finesse et une profondeur de vin » explique Ferdinand. Comme il s’agit d’un point de repère, ces deux cuvées resteront permanentes.
Ce travail ayant été opéré, cette fois les deux complices ont bel et bien quitté leur Ithaque pour succomber aux sirènes de la vallée de la Marne. Leur nouvelle cuvée, qui sortira début janvier, est un pur meunier issu d’une parcelle argilo-calcaire de David Faivre. « La passion de ce vigneron pour son terroir nous a immédiatement séduits. En première année de conversion bio, il venait de lancer sa marque, mais ne pouvait pas financer l’intégralité de son tirage ce qui l’obligeait encore à vendre une partie de son raisin. Pour cela, il cherchait davantage ce type de projet, transparent et avec une histoire. »
Côté vinification, la famille Bonville a utilisé des cuves en émail. « Notre cuverie en inox était composée de cuves dont les volumes correspondaient à des multiples de nos pressoirs de 8000 kilos. Pour ces cuvées parcellaires, nous partions d’un pressoir de 4000, nous avons donc acquis d’occasion des cuves en émail plus petites. L’inox thermorégulé peut conserver beaucoup de fraîcheur et de droiture, l’émail apporte un peu plus de générosité et d’évolution. C’est un vin relativement jeune, la vendange est celle de 2020 mais le meunier a besoin de moins de temps pour parvenir à son apogée. » Le résultat ? Un beau champagne, gourmand mais qui reste croquant et frais, déployant des notes de poire, de noisette, de citron vert, une minéralité qui ressort sur des arômes de pierre à fusil et une noble amertume végétale sur la finale. Même si Ferdinand Ruelle nous affirme que cela n’a peut-être pas la longueur des blancs d’Avize, on se dit que le vinificateur a presque réussi à lui donner l’allure d’un chardonnay. La Maison prévoit un dosage de 4 grammes. « C’est vrai qu’aujourd’hui, on se dit qu’il est très bien non dosé, mais il faut se méfier de l’effet des dégustations en cave. En réalité, en situation, à l’apéritif, on pourrait sans ce dosage le trouver un peu court. »
Le volume sera restreint, un marc soit 3800 bouteilles. « Nous préférons nous limiter pour le moment sur ce type de cuvées éphémères. Les importateurs ont d’abord besoin de vins permanents pour pouvoir référencer la marque dans des restaurants. Sur les cuvées éphémères, il faut que la clientèle se prenne au jeu. » La marque connaît en tout cas une belle dynamique, passant d’un tirage de 20.000 bouteilles en 2020 à 45.000 pour cette année. Quant aux prochaines cuvées éphémères, elles devraient explorer les terroirs de Mareuil-sur-Aÿ et Ludes.
Prix : 43 euros
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