Accueil Vini Vi Dici, où comment les bios occitans investissent Toulouse

Vini Vi Dici, où comment les bios occitans investissent Toulouse

Marc Penavayre du Château Plaisance (Fronton) et Gaëtan Bouvier, meilleur sommelier de France 2016 et parrain du premier salon

Auteur

Laure
Goy

Date

23.11.2017

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Les vignerons bio et biodynamistes d’Occitanie feront désormais salon, chaque année, en terres toulousaines. Sous la bannière « Vini Vi Dici » (« vin d’ici » en catalan), une cinquantaine de vignerons du sud-ouest et du Languedoc-Roussillon ont rencontré, en novembre, les professionnels de la région. Sous l’œil bienveillant de Gaëtan Bouvier, meilleur sommelier de France 2016, et parrain convaincu de l’agriculture « respectueuse et intelligente ».

Toulouse, première ambassadrice des bios d’Occitanie ?

A quelques kilomètres de la ville rose où les caves et bars à vin fleurissent un peu plus chaque année, cinquante vignerons bios et biodynamistes d’Occitanie, ayant invité quelques amis vignerons d’ailleurs, ont investi le domaine de Pressac (à Castelmaurou) pour venir à la rencontre des cavistes, restaurateurs, sommeliers et professionnels du vin de Toulouse et de la région.
Car premier constat : la ville rose, malgré sa proximité géographique avec ces vignobles, est loin d’en être la meilleure ambassadrice : « l’implantation de nos vins à Toulouse ? Peut mieux faire ! » ironise Christine Dupuy, vigneronne à Madiran et à Pacherenc.

C’est ainsi qu’en septembre 2017 est née l’association « 50 nuances de grappes », et le projet d’annualiser un salon professionnel à Toulouse afin de toucher de nouveaux cavistes, restaurateurs, importateurs de vins d’Occitanie. Stéphane Bergerot, Bruno Delaunay, Nicolas Pendariès, Yann Aussédat et Patrick Guiral, cinq agents sur la région, décident donc d’organiser, avec les vignerons, le premier Vini Vi Dici, une mutualisation de tous leurs fichiers clients et l’envie de rencontrer de nouveaux professionnels et faire connaître les bouteilles à Toulouse.

Les pros, accros au bio

Deuxième constat : les consommateurs cherchent du bio et du local. Selon une étude commandée par SudVinBio, les vins bios enregistrent un taux de croissance annuel moyen de 20% sur ces sept dernières années, progressant notamment très fortement sur les circuits courts de distribution. Millésime Bio se tiendra en janvier à Montpellier, une multitude de Off s’organisera dans son sillage, les salons bios et natures de fin d’année pour les particuliers et les pros se multiplient dans toutes les régions, etc.. Il ne s’agit plus d’une mode, mais bien d’un marché en pleine demande. Sommeliers étoilés, cavistes occitans, jeunes restaurateurs branchés, on le constate également dans les allées de Vini Vi Dici. « La première édition du salon a attiré un peu moins de 300 visiteurs professionnels venus de l’ensemble de la région Occitanie, avec, ce qui fut flagrant, beaucoup de jeunes. Certainement une preuve du renouvellement de profil des acheteurs qui ont un réel intérêt pour ce type d’offre en bio, biodynamie ou nature », analyse Jean-Luc Bonnin, co-organisateur du salon.

Domaine de Herrebouc (Côtes de Gascogne), Cosse&Maisonneuve ou encore Germain Croisille (Cahors), Camin Larredya (Jurançon), Elian Da Ros (Maramandais), Lestignac (Bergerac), Plageoles ou Brin (Gaillac), Château Plaisance (Fronton), etc. font partie des figures de proue du travail en bio dans les appellations. Associés aux vignerons languedociens et roussillonnais comme Riberach, Borie La Vitarele, Chabanon, les Vignes Oubliées, Mas du Novi, etc, et aux vignobles invités comme Jo Landron (Muscadet), les champagnes Bourgois Diaz ou le domaine Jousset (Montlouis), la dégustation était de haute volée, les pros se sont déplacés.

« Je suis certain que dans 30 ans, on ne parlera plus de label »

Des mots de Gaëtan Bouvier, chef sommelier de la Villa Florentine à Lyon, meilleur sommelier de France en 2016, et parrain de cette première édition. Présence symbolique ou engagement de conviction ? « J’ai été très touché que ces vignerons que j’admire énormément et qui ont été des maîtres pour moi à un moment, me demandent d’être le parrain de leur salon. Je suis fils de paysan, et très sensible à l’agriculture durable, intelligente, réfléchie. Je suis convaincu que dans trente ans, on ne parlera même plus de label, ces pratiques seront devenues la norme et le bon sens. On ne peut pas vouloir continuer à rendre des terres agricoles appauvries, désertiques à force d’utiliser des produits. Encore moins vouloir transmettre ces terres à ses enfants », explique t’il tout en douceur et en modestie. Un vrai convaincu qui ne prône pas le prosélytisme, mais bien la prise de conscience par logique et bon sens.

Le meilleur sommelier de France va plus loin. La bio et le respect du vivant sont des conditions sine qua non de vin de dégustation de qualité. « A l’aveugle, on ne peut pas dire si un vin est bio ou pas. Mais on peut ressentir la qualité du fruit, l’acidité naturelle du produit, la fraîcheur du terroir. Les analyses le démontrent si on regarde les pH d’un vin : on voit que la biodynamie fait progresser l’acidité naturelle. Cela accentue les notes minérales de roche, de terre, d’humus. Dans un vrai vin bio et bien fait, on retrouve le sol, c’est une question de révélateur de terroir, de l’endroit d’où vient le vin ».