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Demeter et Biodyvin : comprendre (enfin) les différences avec le bio

biodynamie

Labels demeter et biodyvin | Atelier bouse de corne Mas d'Espanet ©Willy Kiezer

Auteur

Willy
Kiezer

Date

28.11.2025

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Au-delà du “bio”, la biodynamie intrigue et séduit. À la vigne comme au chai, elle pousse plus loin l’exigence, avec ses deux labels de référence : Demeter et Biodyvin. Ils seront représentés lors de Millésime Bio 2026 à Montpellier, où des espaces dédiés permettront de déguster une sélection de vins certifiés. À la fin 2025, environ 1000 domaines viticoles français sont labellisés avec les deux labels.

La biodynamie et bio partagent le socle d’interdiction des herbicides, insecticides et fongicides de synthèse, et de la fertilisation chimique. La biodynamie est toujours “au-dessus” d’un socle bio : on ne peut être certifié Demeter ou Biodyvin sans être déjà certifié en agriculture biologique.

À la vigne : préparations, cuivre, biodiversité

La biodynamie se caractérise par l’emploi de préparations spécifiques : la bouse de corne (500), la silice de corne (501) et les préparations de compost (502 à 507). Elles sont obligatoires chez Demeter et Biodyvin.

préparation bouse de corne biodynamie
Atelier bouse de corne Mas d'Espanet ©Willy Kiezer

Sur la protection du vignoble, les limites de cuivre illustrent bien la différence de curseur : le bio européen autorise jusqu’à 4 kg/ha/an de cuivre métal en moyenne sur 7 ans, tandis que Demeter fixe la barre à 3 kg/ha/an (avec possible dérogation jusqu’à 4 kg/ha/an selon conditions).

En biodynamie, l’approche se veut plus globale et prend donc en compte la biodiversité. Le cahier des charges Demeter demande qu’au moins 10 % de la surface de l’exploitation soient dédiés à des zones de biodiversité (haies, bosquets, mares, prairies, etc.), une exigence absente du cahier des charges bio.

Finalement, la principale différence entre les deux labels de biodynamie revendiqués pour les vins, c’est leur envergure. Biodyvin est un syndicat viticole, il concentre sa certification sur la vigne et le vin. Tandis que Demeter s’applique à l’échelle du domaine.

Au chai : moins d’outils, plus d’intention

La vinification biodynamique vise la sobriété d’intervention : fermentations spontanées privilégiées, intrants plus restreints qu’en bio, et des plafonds de SO₂ plus bas. En Demeter France, le total de SO₂ est plafonné, pour les vins secs, à 70 mg/L (rouges) et 90 mg/L (blancs/rosés), là où le bio européen autorise respectivement 100 mg/L et 150 mg/L.

Depuis le millésime 2023, Demeter France a adopté un cadre très lisible : une cuvée ne peut pas recourir à plus de 5 types d’interventions œnologiques parmi une liste limitée (certaines comptant double). Par exemple : vendange mécanique, levurage de secours en cas d’arrêt de fermentation, collage, etc. Cette règle pousse à concevoir des itinéraires techniques parcimonieux et cohérents.

Biodyvin est également très incitatif : les interventions sont suivies et justifiées dans un registre de cave, avec un principe de réduction progressive des intrants. L’association mandate un organisme certificateur (Ecocert) pour contrôler ces pratiques.

Emballages et volet social : exigences renforcées

Pour Demeter, l’exigence ne s’arrête pas à la bouteille : au-delà de l’interdiction des BIB et des bouchons plastique (verre, liège et capsule à vis privilégiés), le cahier des charges impose de réduire la quantité d’emballages, proscrit tout suremballage ou emballage trompe-l’œil et encourage la consigne et les matériaux recyclables, avec un système de gestion des déchets obligatoire (réparation/réemploi, tri et recyclage, dépôt sécurisé des résidus).

S’y ajoute un pilier social et sociétal inscrit noir sur blanc, bien au-delà du bio et de Biodyvin avec : respect des normes de l’OIT, santé-sécurité au travail, interdiction du travail des enfants, conditions équitables (salaires conformes, égalité des chances, droit d’association et d’expression), de sorte que la performance environnementale s’accompagne d’engagements concrets envers les personnes.

Et la Lune dans tout ça ?

Le recours au calendrier lunaire, souvent associé à la biodynamie, n’est pas une obligation réglementaire : il relève du choix des domaines. Des maisons l’utilisent comme repère agronomique et logistique, mais ce point ne figure pas comme exigence dans la plupart des référentiels de certification.

En bref

  • Base commune : zéro produit de synthèse, pratiques mécaniques au vignoble, traçabilité et contrôle.
  • Biodynamie : préparations obligatoires, cuivre plus bas (Demeter : 3 kg/ha/an en moyenne), objectif de biodiversité (≥ 10 % chez Demeter), intrants et procédés plus limités au chai, SO₂ plus bas.
  • Demeter vs Biodyvin : Demeter raisonne “ferme entière” et formalise strictement la vinification (règle des 5 interventions) ; Biodyvin se concentre sur la viticulture et la cohérence des pratiques, avec suivi détaillé et réduction des intrants.

Millésime Bio 2026 : cap sur les vins biodynamiques

Du 26 au 28 janvier 2026 à Montpellier, le salon mettra en avant les vins certifiés Demeter et Biodyvin via des espaces dédiés au sein du parcours, l’occasion idéale de comparer, dans le verre, les signatures des différents terroirs et les pratiques.