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Madiran : les deux sœurs Bortolussi à la tête du Château Viella

Claire et Marion Bortolussi, Château Viella (photo DR)

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

08.03.2021

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La quatrième génération vigneronne de Bortolussi vient de reprendre en main le Château Viella en appellations Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh. Les deux sœurs, Claire et Marion, président désormais aux destinées de deux domaines emblématiques du Sud-Ouest, Viella et Berthoumieu. Portrait de deux jeunes gersoises dynamiques pour la Journée Internationale des Droits des Femmes.

Les deux jeunes femmes trentenaires viennent de succéder à leurs parents à la tête du domaine pyrénéen où elles ont grandi, aux confins des trois départements du Gers, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées. Le Château Viella (ou château de Viella) est dans la famille Bortolussi depuis 1952. « Nous avons d’abord choisi un autre chemin que celui des vignes, poussées par nos parents qui voulaient que l’on acquière d’autres outils et d’autres idées, avec le regret d’une génération qui n’avait pas bougé », raconte Claire. L’aînée a d’abord suivi des études de droit avant de partir à Athènes avec Erasmus. Après un master à Albi, elle se recentre sur les relations internationales et la culture et part travailler en Inde et en Serbie. Marion, la cadette de quatre ans, s’oriente d’emblée vers un cursus en biologie avant d’aller s’occuper de parcs marins en Italie. C’est en terre italienne qu’elles se retrouvent un jour et qu’elles évoquent pour la première fois l’avenir du domaine, la place qu’elles aimeraient y tenir. « Nous avions plutôt joué le flou auparavant pour échapper à la pression de l’entourage mais en étant loin du Sud-Ouest, les réflexions et les discussions sont venues de nous, raconte Claire. Nous n’avions pas osé parler avant de nos envies ; Marion était intéressée par la vigne et le vin mais avec la crainte de la comptabilité et de la gestion du domaine et moi m’imaginant plutôt chef d’orchestre et dans l’organisation mais sans l’aspect technique. Finalement, nous nous sommes rendues compte que nous étions de véritables vases communicants et très complémentaires ».

S’approprier le domaine familial

Les deux sœurs, de retour dans le Sud-Ouest en 2016, reprennent d’abord le domaine Berthoumieu (25 hectares), voisin de la propriété familiale, en collaboration avec leur père Alain et le producteur-négociant du Sud-Ouest, Lionel Osmin. Claire s’occupe du domaine dès l’automne 2016, suivie progressivement par Marion dans le cadre d’un apprentissage de BTS viti-œno. Les deux sœurs Bortolussi travaillent désormais ensemble à plein temps sur Berthoumieu et sur le domaine familial de 25 hectares d’un seul tenant sur les premiers contreforts des Pyrénées. « Nous avons toujours suivi l’évolution de nos parents et leur questionnement permanent sur la valorisation des vins, l’œnotourisme et l’accueil à la propriété; nous allons un peu plus creuser le côté escale au vignoble avec le gîte, les rencontres avec les visiteurs et l’aspect plus expérientiel que culturel à travers des ateliers de suivi du cycle de la vigne et une balade ludique et pédagogique dans le conservatoire de cépages des Jardins d’Aure ».

Côté vignes, Marion s’est lancée dans la conversion en bio, déjà amorcée par Alain, après avoir obtenu la labellisation HVE qui a servi d’audit à son arrivée. Les habillages de la gamme de madiran, pacherenc, côtes-de-gascogne… viennent de bénéficier d’une cure de jouvence. Après la rénovation du château, belle bâtisse du XVIIIe siècle dotée d’un superbe chai de vieillissement, les deux sœurs aimeraient investir l’hiver prochain dans la modernisation de la salle de dégustation. Leur père leur a confié définitivement les clés du domaine pour prendre sa retraite « mais il aime encore bricoler dans les vignes et jouer un rôle de sage toujours prêt à répondre aux questions de ses filles, souligne Claire avec humour. Après la première excitation pour tout comprendre et combler les manques, nous avons envie de voyager à nouveau, pour faire connaître nos vins à nos amis à l’étranger, et à moyen terme pour trouver d’autres marchés à l’export ».