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Saint-Émilion : « attention à ne pas refaire du 2003 »

Auteur

Rodolphe
Wartel

Date

22.09.2015

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A l’heure des vendanges, François Despagne, propriétaire du Grand cru classé Grand Corbin Despagne, est optimiste pour ce millésime 2015. Mais selon lui, « il ne faut pas trop attendre ».

Tout le monde s’affaire dans les vignes et au-dessus de la table de tri où défilent les baies sélectionnées à la main par le personnel saisonnier, l’œil de François Despagne se montre confiant. Membre de l’une des plus vieilles familles de Saint-Emilion, cet œnologue de formation sait qu’il possède là un grand millésime. 2005 ? 2010 ? Les questions fusent pour comparer déjà cette vendange sur l’échelle des grandes années.

D’évidence, François Despagne résume les conditions idéales pour laisser une trace dans l’histoire : « l’été a été sec, la floraison a été homogène, la véraison très rapide, il n’a pas plu en août sauf la dernière semaine et la vendange se déroule dans de bonnes conditions ».

Sur cette propriété de 25 hectares dont 20 en merlot, la grande partie de la vendange, débutée jeudi dernier, sera terminée cette fin de semaine avec les merlots. Viendra ensuite le tour des cabernets sur les quelque cinq hectares restant. Des risques à craindre ? « La météo s’annonce clémente jusqu’à la semaine prochaine, se rassure François Despagne, mais il ne faut pas trop attendre car il y a des pH très hauts. Attention à ne pas refaire du 2003. On a tout pour faire quelque chose de bien, probablement comme le 2005, plus classique que 2009 ou 2010, mais il ne faut pas trop attendre ».

Xavier Touton, courtier à Bordeaux, qui travaille avec Grand Corbin Despagne et se trouve aujourd’hui lui aussi à sa table, regarde du côté de la rive gauche avant de s’enflammer: « Le 2015 met la banane à tout le monde mais il faut aussi que les cabernets soient bien mûrs car le Médoc donne la tendance. C’est le Médoc qui fait le tam tam ! »

Au château Grand Corbin Despagne, les rendements devraient être de 45 hectolitres par hectare pour les jeunes vignes et de 40 pour les autres. Pour mémoire, ils avaient été de 19 hectolitres en 2013 ! Si la météo reste clémente, les volumes devraient donc renflouer les trésoreries après quatre millésimes plutôt difficiles. Une bouffée d’oxygène attendue par François Despagne qui a aussi entamé une petite révolution en passant sa propriété en bio. 2015 sera ainsi le troisième millésime labellisé bio. Une mutation importante dans cette appellation où, sur quelque 80 grands crus classés, les défenseurs du bio, labellisés ou non, se comptent sur les doigts d’une main. Autour de la table, tout le monde croise les doigts, en dégustant ce magnifique Grand Corbin Despagne 2005. Un clin d’œil de l’histoire pour la vendange à rentrer au chai ?

TERRE DE VINS AIME
Château Grand Corbin Despagne 2005

Ce grand vin à prix d’ami (35 € environ) commence à révéler tout son potentiel. Composé majoritairement de merlot, avec cabernet franc et cabernet sauvignon, ce millésime commence à fondre ses tanins et révèle le potentiel mais aussi le travail réalisé par ce vigneron affable et humaniste. « Terre de Vins » vous invite également à découvrir « Petit Corbin Despagne », le second vin de la propriété (Millésime 2012, chez Nicolas actuellement – 24, 80 €, sélectionné par « Terre de vins » dans son dossier spécial Foire aux vins en kiosque actuellement).